La Terre qui demeure
Sec, puissant, noueux, taillé dirait-on dans le granit du Limousin, Jean Bordare amie sa terre d'un amour exclusif, presque animal. Nous sommes dans les années 60, au moment où le "progrès" et les nouvelles idées techniques menacent le paysage rural de la France, inchangé depuis des siècles. Déjà, des bulldozers apparaissent autour des propriétés. On cherche de l'uranium, paraît-il. Bientôt, ce seront des affairistes avec leurs projets de lotissements. Seul contre tous, le paysan refuse de vendre, comme le font ses voisins. Il enrage contre ce flot d'argent qui envahit le village, une fortune qui a l'odeur de la trahison et du lâche abandon des domaines. Lui, Bordare, engage un combat dont l'issue n'est pas écrite d'avance... Le tout premier roman enfin réédité de l'agriculteur-écrivain Michelet frappe par son caractère visionnaire et sa maîtrise. Claude Michelet est né en 1938, à Brive-la-Gaillarde, en Corrèze. En 1945, la famille vient s'installer à Paris pour suivre son père, Edmond Michelet, nommé ministre des Armées dans le gouvernement du général de Gaulle. S'étant destiné dès 14 ans au métier d'agriculteur, Claude Michelet s'installe dans une ferme en Corrèze, après avoir effectué son service militaire en Algérie. Eleveur le jour, il écrit la nuit. Il publie en 1965 un premier roman, La terre qui demeure, suivi de La grande muraille et d'Une fois sept. Parallèlement, il collabore à Agri-Sept, hebdomadaire agricole. En 1975, J'ai choisi la terre, son plaidoyer en faveur du métier d'agriculteur, est un succès. La consécration a lieu avec le premier volume de la tétralogie retraçant l'histoire de la famille Vialhe, Des grives aux loups, qui fait l'objet d'une adaptation télévisuelle. Comme en témoignent ses romans ultérieurs, son goût pour la vie paysanne, qu'elle ait ses racines en France ou au Chili (Les pro-messes du ciel et de la terre, 1985-1988), est pour lui une source d'inspiration romanesque sans cesse renouvelée. Comptant parmi les fondateurs de l
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