Esclavage et colonisation
" Ainsi donc, évoquer Schoelcher, c'est rappeler à sa vraie fonction un homme dont chaque mot est encore une balle explosive. Que son œuvre soit incomplète, il n'est que trop évident. Mais ce serait puérilité et ingratitude que de la sous-estimer. " (A. Césaire). Ainsi se termine la préface d'Aimé Césaire pour la publication, en 1948, d'un choix de textes de Victor Schoelcher célébrant le centenaire de l'abolition. Il s'agit d'un ouvrage fondamental puisque des historiens y ont rassemblé pour la première fois l'essentiel des textes de combat de Schoelcher avant l'abolition, son décret de 1848 et tous les écrits d'intervention du célèbre abolitionniste français jusqu'à sa mort. L'autre intérêt du volume de 1948 est cette fameuse préface de Césaire, texte magnifique dans lequel le poète martiniquais ouvre le chantier gigantesque du travail de mémoire et d'histoire sur l'esclavage. Jean-Michel Chaumont, auteur de La concurrence des victimes (1997), présente cette nouvelle édition en commentant un passage où Césaire rapproche l'esclavage et la Shoah, mais non pas à des fins de comparaison : " Il ne voulait en rien réduire ou relativiser la Shoah ou l'univers concentrationnaire, il ne voulait en rien offenser leurs victimes, il voulait simplement contribuer à guérir les siens de la honte de leurs ancêtres." Victor Schoelcher (1804-1893), jeune républicain envoyé aux Antilles par son père, en revient révolté par l'esclavage. Par son engagement politique et ses interventions publiques, il contribue à faire adopter en 1848 le décret d'abolition de l'esclavage en France et dans les colonies.
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