SOCIETE ET POPULATION
Démographie
En 2008, la population de la Tanzanie est de 40 213 162 habitants, pour une densité, faible, de 45 habitants au km2. Le taux de mortalité infantile est élevé (70,5/1000 en 2008) et l’espérance de vie atteint 52 ans. Les trois quarts de la population vivent dans des zones rurales ; les foyers de peuplement sont concentrés dans un tiers du pays, au nord de la ligne centrale des chemins de fer — la Tuzara, qui relie Dar es-Salaam au lac Tanganyika —, cette région offrant les sols les plus fertiles. Les Swahili sont majoritaires sur la côte et dans les îles, toutefois la Tanzanie compte quelque cent vingt groupes ethniques, parmi lesquels figurent les Sukumas, les Chagas ou les Massaïs, peuple nilotique (au nombre de soixante mille). Indiens et Pakistanais sont en outre nombreux dans les zones urbaines.
Découpage administratif
Le territoire continental est divisé en vingt régions, Zanzibar en trois régions et Pemba en deux régions. Les administrations régionales sont dirigées par un commissaire, tandis que Zanzibar est dirigée par un président élu et possède une Chambre des représentants. Dar es-Salaam, l’ancienne capitale, est la plus grande ville du pays (plus de 2 millions d'habitants) mais également son principal port et centre industriel. Les autres grandes villes sont Mwanza (250 000 habitants), port sur le lac Victoria, Tanga (200 000 habitants), port maritime et centre industriel, et la nouvelle capitale Dodoma (environ 250 000 habitants), située dans le centre de la Tanzanie. La ville de Zanzibar (157 600 habitants) est la plus grande agglomération de l’île du même nom.
Institutions et vie politique
La Tanzanie a été gouvernée par un parti unique, le Chama Cha Mapinduzi (CCM, Parti révolutionnaire), jusqu’en 1992, date à laquelle la Constitution de 1985 a été amendée pour autoriser le multipartisme. Cependant, au sein du nouveau régime présidentiel, l’ancien parti unique domine toujours la vie politique. Les premières élections multipartites depuis l’indépendance, législative et présidentielle, tenues en octobre et novembre 1995, ont été remportées par le CCM, et son candidat, Benjamin Mkapa, a succédé à la présidence de la République à Ali Hassan Mwinyi. En 2005, Jakaya Kikwete lui a succédé. Zanzibar a gardé une Constitution particulière lui permettant d’élire son propre président.). Le président, élu pour un mandat de cinq ans (et rééligible une fois), détient le pouvoir exécutif. Il nomme deux vice-présidents, le Premier ministre et le gouvernement. L’Assemblée nationale, seul corps législatif, compte deux cent trente-neuf membres dont cent onze sont élus pour un mandat quinquennal. Le CCM est issu de la fusion, en 1977, de l’Union nationale africaine du Tanganyika (TANU, Tanganyika African National Union), fondée par Julius Nyerere en 1954, et du Parti afro-shirazi (Afro-Shirazi Party), mouvement zanzibarite idéologiquement proche de la TANU. La principale formation de l’opposition est le Front civique uni (Civic United Front, CUF), particulièrement actif dans l’archipel semi-autonome de Zanzibar.
Langues et religions
Les deux langues officielles sont l’anglais et le swahili, première langue véhiculaire (voir langues d'Afrique). Chaque groupe ethnique a toutefois conservé son propre idiome et de nombreuses langues bantoues et nilotiques sont parlées. Le christianisme concerne 45 % de la population, avec une majorité de catholiques, mais aussi des anglicans et des luthériens. L’islam, pratiqué par 35 p. 100 de la population, est la religion dominante dans les régions côtières et à Zanzibar (99 p. 100 des Zanzibarites). Un quart de la population adhère à des croyances animistes. Depuis l’indépendance du pays, en 1961, l’éducation est l’une des priorités du gouvernement. Aujourd’hui, deux Tanzaniens sur trois savent ainsi lire et écrire, et plus de la moitié des enfants de douze à dix-sept ans est scolarisée. Le pays possède deux universités : l’université de Dar es-Salaam (fondée en 1961) et la Sokoine University of Agriculture (1984), située à Morogoro. Au carrefour d’influences arabes et africaines, la Tanzanie a réalisé une synthèse originale de ces cultures. Le swahili, langue nationale née à Zanzibar, pôle essentiel du commerce de l’océan Indien, des contacts entre commerçants arabes et indiens avec les commerçants et les esclaves bantous, est parlé par plus de quarante millions d’Africains.
Education
Les institutions culturelles, notamment les bibliothèques, sont peu développées, et la Tanzanie ne possède que peu de musées : le National Museum of Tanzania, situé à Dar es-Salaam et le Zanzibar Government Museum à Zanzibar. La presse compte trois quotidiens, parmi lesquels Uhuru et Daily News, édités à Dar es-Salaam.
Culture et arts
ZANZIBAR: Dès le viiie siècle apr. J.-C., des Arabes venus d’Oman (rejoints au viiie siècle par des Persans de la région de Chiraz) établissent des comptoirs à Zanzibar, à partir desquels ils commercent avec le continent qu’ils nomment la terre des Zinj (« Noir » en arabe), ou Azanie. Zanzibar et Kilwa deviennent progressivement des sultanats arabes indépendants, peuplés par des Arabes et des Africains. Après une brève domination portugaise, Zanzibar et Pemba sont assujetties par le sultan d’Oman. En 1832, le sultan Sayyid Said transfère sa résidence à Zanzibar, d’où il étend sa zone d’influence commerciale. Il développe notamment la production de girofle, d’huile de palme, et pratique de manière intensive la traite des Noirs avec le continent. Ses successeurs ne peuvent empêcher la Grande-Bretagne d’établir sa domination sur l’île, en 1890. Le sultan n’est pas destitué, mais les décisions politiques et économiques émanent pour l’essentiel de la Couronne britannique. Dès les années 1930, des affrontements ont lieu entre Indiens et Arabes d’une part, Africains d’autre part, ces derniers étant cependant divisés. Le sultan Khalifa Ben Harub use de son influence pour faire accepter la loi britannique. À sa mort, en 1960, la décolonisation du continent africain est déjà engagée, et l’île de Zanzibar, agitée par des troubles politiques, obtient l’indépendance le 9 décembre 1963. Quelques semaines plus tard, un violent soulèvement de la population africaine issue des anciens esclaves éclate, le sultan est renversé et les Arabes pourchassés. Le parti afro-shizari, proche de Nyerere et dirigé par Cheikh Abeid Amani Karume, prend le pouvoir. TANGANYIKA: La partie continentale de l’actuelle Tanzanie abrite des ossements des premiers hominidés, comme ceux de l’australopithèque (Australopithecus boisei) qui ont été mis au jour, en 1964, dans les gorges d’Olduvai par Mary Leakey et son mari, Louis Leakey. La côte est fréquentée dès le IIe millénaire ; le nord du pays, à part
ECONOMIE
Généralités
Le produit intérieur brut (PIB) de la Tanzanie s’élevait à 12,8 milliards de dollars en 2006, soit un revenu moyen par habitant de 324 dollars, ce qui place le pays parmi les plus pauvres du monde. Au cours des années 1980, l’aide étrangère représentait, chaque année, l’équivalent du quart du PIB. Les plans de développement appliqués depuis l’indépendance ont favorisé la croissance des cultures industrielles et ont permis de limiter les importations de produits manufacturés. La Tanzanie s’est engagée dans une série de réformes économiques à la fin des années 1980 : libéralisation partielle de l’agriculture, limitation des restrictions tarifaires et réduction des dépenses publiques. La Tanzanie a connu une croissance constante de son PIB depuis le début des années 1990 (de 4,5 % en 1995 à plus de 6 % en 2005). L’unité monétaire, le shilling tanzanien, divisible en 100 cents, est émis par la Bank of Tanzania (fondée en 1966). En 1967, le gouvernement a nationalisé la plupart des banques commerciales pour les intégrer à la National Bank of Commerce. En 1992, dans le cadre de la libéralisation économique, deux banques commerciales du secteur privé se sont établies dans le pays.
Agriculture
Les agriculteurs représentent plus de 80%de la population active, et la production agricole compte pour 60 p. 100 dans le PIB. Les îles de Zanzibar et de Pemba assurent l’essentiel de la production mondiale de clous de girofle. Les principales cultures vivrières sont le manioc, le maïs, le plantain, mais également le riz, le sorgho, les patates douces et le millet. Parmi les cultures d’exportation figurent le coton, le café, le sisal, les clous de girofle, le thé, le tabac et les noix de cajou. L’élevage (ovins, volaille) constitue également une activité importante, le nombre de bovins rapporté à la population étant comparable à celui de la France. La production annuelle de bois atteint 34,9 millions de m3, dont plus de 90 p. 100 sont utilisés comme combustible domestique. La prise annuelle de poissons s’élève à 345 000 t, dont plus des trois quarts proviennent des lacs, notamment du lac Victoria. La sardine et le thon sont pêchés dans l’océan Indien.
Mines et industries
La Tanzanie possède de l’or, des diamants et des pierres précieuses ainsi que du charbon, du fer, du mica, du plomb, de l’étain, du tungstène et du kaolin. La production minière est cependant très faible. L’extraction minière ne représente que 1% du PIB ; elle concerne essentiellement l’or (6,5 t), les diamants et les pierres précieuses. Les gisements de charbon sont peu exploités.
Tertiaire et commerce extérieur
Dans les années 1970, des industries de base, telles que des chaînes de montage pour l’industrie automobile, des tanneries et des cimenteries, ont été développées. Les principaux produits manufacturés dérivent du conditionnement des matières premières (café, céréales, sisal). Environ 91% de l’électricité sont générés à partir de centrales hydroélectriques principalement installées sur le Pangani. Le commerce extérieur est traditionnellement déficitaire. Les exportations, destinées essentiellement à l’Allemagne, à la Grande-Bretagne et au Japon, concernent le café, le coton, les diamants, le tabac, le thé, les clous de girofle et le sisal. La Tanzanie importe — depuis la Grande-Bretagne, le Japon, l’Italie et Oman — pétrole, machines, matériaux de construction et équipements de transport. Le tourisme permet la rentrée de devises étrangères ; à la fin des années 1980, plus de cent mille touristes venaient en Tanzanie chaque année, attirés par les parcs naturels ou les sites historiques.
HISTOIRE
La mort, en octobre 1999, de Nyerere, considéré comme le « père de la nation », fait craindre un éclatement de la Tanzanie, mais la réélection du président Mkapa en octobre 2000, avec 71 p. 100 des suffrages, apparaît comme une volonté de sauvegarder l’héritage de la République unie de Tanzanie, tandis que Amani Abeid Karume, fils du cheikh Karume, ancien Premier ministre de Zanzibar, succède à Salmin Amour à la présidence de l’île, dans une élection boycottée par l’opposition. Le président Mkapa doit cependant faire face à une situation difficile marquée par une forte crise économique, une épidémie de sida qui touche près de 1,3 million de Tanzaniens et la présence de près de 300 000 réfugiés en provenance du Burundi. En dépit des conditions de vie difficiles pour la population (chômage, pauvreté, sida, corruption), il peut toutefois faire valoir, au terme de son second mandat, un bilan économique positif (avec une croissance qui atteint plus de 6 p. 100 en 2005, contre 4,5 p. en 1995). Dans une région des Grands Lacs tourmentée, il peut aussi mettre en avant la stabilité politique dont jouit le pays, ainsi que son intégration régionale ; en janvier 2005, la Tanzanie inaugure à son initiative une nouvelle union douanière avec le Kenya et l’Ouganda. Alors que Benjamin Mkapa ne peut constitutionnellement pas briguer un troisième mandat, le parti au pouvoir, le Parti révolutionnaire (ou Chama Cha Mapinduzi, CCM), choisit le ministre des Affaires étrangères Jakaya Kikwete comme candidat à l’élection présidentielle de décembre 2005. Celui-ci en sort vainqueur avec 80% des suffrages, face à dix adversaires représentant une opposition très faible. Lors des élections législatives accompagnant le scrutin présidentiel, le CCM conforte sa domination au Parlement, avec 206 sièges sur 232, témoignant de son hégémonie sur la scène politique tanzanienne. Dans l’archipel semi-autonome de Zanzibar, soumis à des tensions identitaires, les élections d’octobre 2005 donnent lieu à des
CAPITALE et villes principales
Le réseau routier comprend 78 891 km de routes, dont 10% seulement sont bitumées. Les principaux ports maritimes sont Dar es-Salaam et Mtwara. Les aéroports de Dar es-Salaam et de Zanzibar assurent vols nationaux et internationaux.
|