Ténéré : Avec les caravaniers du Niger
Les dromadaires sont à la queue leu leu, à la suite de leur meneur, les rangs côte à côte. Je prends suffisamment de champ pour contempler l'ensemble, écarquiller les yeux devant le spectacle offert par six cents paires de jambes en ordre marche, au pas précis, comme pour un défilé. Légèrement en tête Tanko et sa mine absorbée; dans le même alignement les autres chefs de file, puis, éparpillés au gré de la caravane, les équipiers; enfin deux ou trois retardataires qui bavardent, de bonne humeur. Je marche à droite du madougou, heureux d'être là, dans ce face-à-face avec le Sahara, dans cette proximité avec mes compagnons touaregs et les bêtes qui nous entourent. Né dans les Vosges, Jean-Pierre Valentin, inspiré par ses lectures de Frison-Roche et de Saint-Exupéry, éprouve très jeune le désir de voyager. Pour s'imprégner des ambiances sahariennes, il choisit dès l'âge de 20 ans de traverser à pied l'Afrique de l'Ouest, de Dakar au lac Tchad. Depuis, il est retourné régulièrement partager la vie quotidienne des éleveurs touaregs et peuls wodaabe, au Mali et au Niger. Il en est ainsi venu à s'intéresser à la riche histoire des échanges chameliers et à arpenter les pistes abandonnées où les prestigieuses cités ensablées vibrent encore au souvenir des files camelines chargées d'or, de sel ou d'ivoire, dans les pas des pèlerins et des trafiquants d'esclaves. En 2005, il a accompagné la taghlamt, la grande caravane qui, entre le massif de l'Aïr et l'erg de Bilma, affronte les sables du Ténéré, de la terre touarègue au pays toubou. Ces expériences renouvelées auprès des nomades du Sahara constituent la trame et le fond de sa trilogie documentaire Sur la route des caravanes.
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