SOCIETE ET POPULATION
Démographie
L'Égypte est le pays arabe le plus peuplé : en 2008, la population égyptienne était estimée à 81,7 millions d'habitants. Elle s'accroît très rapidement à raison de 1,2 million d'habitants par an, soit un taux d'accroissement naturel de 1,70%, et 99% de la population est concentrée sur moins de 4% de la superficie totale, soit une densité dans les zones peuplées de 1683 habitants au km2 (densité globale de 82 habitants au km²). En 2008, le taux de mortalité infantile s'élevait à 28 pour 1000 et l'espérance de vie à la naissance était de 71,8 ans. La formation du peuple égyptien remonte à l'époque gerzéenne (3500 av. J.-C.), lorsque des populations de souche chamito-sémitique se sont établies dans le pays. La population actuelle est issue de ce fonds ancien et des apports liés aux invasions qui ont marqué l'histoire de l'Égypte : Libyens, Grecs, Romains, mais surtout Arabes, qui ont conquis la région au VIIème siècle après J.-C. La population égyptienne est alors presque totalement arabisée. Seule demeure aujourd'hui une minorité nubienne, habitant depuis des millénaires les villages du sud de l'Égypte et du nord du Soudan. Mais la mise en eau du lac Nasser a détruit beaucoup de ces villages.
Découpage administratif
En 2005, 42% des Égyptiens étaient citadins. La population du Caire était de 10,8 millions d'habitants en 2003. La capitale égyptienne a, dans sa croissance, absorbé la ville de Gizeh, centre industriel et site archéologique prestigieux. Toutes les autres villes d'importance se situent sur les côtes : Alexandrie, le grand port égyptien, et Port-Saïd, à l'entrée du canal de Suez, sont baignées par la Méditerranée. Suez commande l'extrémité sud du canal.
Institutions et vie politique
La République arabe d'Égypte est régie par la Constitution de 1971 qui instaure un régime présidentiel fort. Le président de la République est le chef de l'État. Détenteur du pouvoir exécutif, il était élu par référendum populaire pour 6 ans, sur proposition de l'Assemblée du peuple, le corps législatif jusqu'à l'amendement constitutionnel approuvé par référendum en mai 2005 qui institue l'élection au suffrage universel du président de la République parmi plusieurs candidats. Il nomme et peut révoquer le Premier ministre à la tête du gouvernement. Le président de la République peut dissoudre l'Assemblée et gouverner par décrets dans des circonstances critiques. Le pouvoir législatif est dévolu à un Parlement monocaméral, l'Assemblée du peuple. Celle-ci comprend 454 membres dont 444 sont élus au suffrage universel direct, tandis que les 10 membres restants, issus de la communauté copte, sont nommés par le président de la République. Les députés ont un mandat de 5 ans. Leurs compétences sont, selon la Constitution, proches de celles qui sont dévolues aux représentants du peuple dans les régimes parlementaires occidentaux : ils votent le budget, peuvent constituer des commissions d'enquête et retirer leur confiance au gouvernement. Dans la pratique, l'Assemblée n'a guère le pouvoir de s'opposer au chef de l'État, d'autant que, depuis l'indépendance, elle est dominée par le parti présidentiel. La branche législative comprend aussi un Conseil consultatif (Majlis al-Choura), composé de 264 membres, dont 176 sont élus au suffrage universel et 88 sont nommés par le président de la République. L'existence de partis politiques en Égypte date du protectorat britannique. Le plus ancien, le Wafd (« délégation »), a été le principal mouvement nationaliste jusqu'à la Seconde Guerre mondiale. Il a, depuis, très considérablement décliné et représente aujourd'hui une partie de l'opposition laïque sous le nom de Néo-Wafd.
Langues et religions
L'arabe est la langue officielle. Le français et l'anglais sont parlés couramment en seconde langue au sein de l'élite urbaine. L'influence de la culture française, à travers sa langue, remonte au début du XIXème siècle, plus exactement à l'expédition de Bonaparte. Elle s'est perpétuée à travers le biais d'écoles (notamment religieuses) et d'institutions culturelles, même après que la Grande-Bretagne eut étendu sa domination politique sur le pays. L'Église copte s'est maintenue dans le pays après l'islamisation de celui-ci et compte environ 9% de fidèles. L'islam sunnite est la religion officielle du pays et est pratiquée par 90% de la population égyptienne, tandis que l'Église copte (chrétienne) rassemble environ 10% des Égyptiens.
Education
A l'avènement du régime républicain, seuls les enfants de l'élite urbaine avaient accès à l'éducation. Dans les campagnes, un enseignement rudimentaire, fondé sur la mémorisation plus que sur la réflexion, était assuré dans les écoles coraniques. Le nouveau régime, en 1952, a entrepris de démocratiser l'enseignement, rendu obligatoire et gratuit pour les enfants de 6 à 12 ans. L'analphabétisme a reculé de manière non négligeable. Cependant, en 1995, il concernait encore 48,6% de la population, ce qui constitue un taux relativement élevé dans le monde arabe. Un tiers seulement des enfants accomplissaient une scolarité primaire et secondaire en 1970. Ils sont deux fois plus nombreux aujourd'hui et 29% des jeunes Égyptiens poursuivent leurs études dans l'enseignement supérieur. L'université islamique al-Azhar occupe une place particulière dans l'enseignement supérieur. La mosquée, fondée au Caire en 970 après J.-C., est devenue un prestigieux centre d'enseignement de la théologie musulmane en même temps qu'un lieu d'élaboration du droit musulman. Son rayonnement au sein de la umma (communauté) musulmane demeure grand. Al-Azhar compte aujourd'hui 90000 étudiants, égyptiens et non égyptiens, versés dans les sciences islamiques mais de plus en plus ouverts aux enseignements profanes. Méhémet Ali, dirigeant réformateur de l'Égypte au XIXème siècle, a doté le pays d'un réseau d'écoles supérieures spécialisées (médecine, administration, agriculture, ...) dans le but de former les cadres supérieurs du nouvel État égyptien. En 1907 s'est ouverte la première université d'État, l'université du Caire, et en 1919 des missionnaires protestants ont fondé l'Université américaine. Les universités provinciales se sont multipliées à partir des années 1950. Les femmes ont été autorisées à s'y inscrire en 1962. Le système d'enseignement égyptien est aujourd'hui confronté au problème de l'adéquation de la formation universitaire au monde du travail.
Culture et arts
La culture de l'Égypte ancienne a nourri la civilisation grecque et l'histoire biblique dont procède notre civilisation. Plus tard, la chrétienté égyptienne apportera une contribution essentielle au développement du monachisme chrétien. L'Égypte a été également, avec le Liban et la Syrie, le berceau de la renaissance culturelle arabe (la Nahda) du XIXème siècle. Poètes, écrivains, dramaturges ont façonné l'histoire de la littérature égyptienne. L'Égypte se distingue, par ailleurs, du reste du monde arabe par une abondante production cinématographique : elle produit chaque année des centaines de films et de séries télévisées qu'elle exporte dans tout le monde arabe et au-delà. La littérature égyptienne, comme le cinéma, a gagné une reconnaissance récente en Europe, particulièrement en France, comme en témoignent l'attribution du prix Nobel de littérature en 1988 à l'écrivain égyptien Naguib Mahfouz ou les succès remportés par le réalisateur Youssef Chahine qui traite de sujets actuels de façon critique. L'Égypte possède des musées remarquables parmi lesquels le Musée égyptien ou musée des Antiquités égyptiennes. Le patrimoine est riche et varié de même que l'art de l'Égypte. La presse égyptienne est la plus développée du monde arabe et Le Caire est le principal centre d'édition du Proche-Orient. Le premier quotidien d'Égypte est al-Ahram (les pyramides). Il tire à près d'un million d'exemplaires, soit le tiers de la diffusion quotidienne totale. La presse, malgré une histoire ancienne (elle est née dans les années 1860), reste contrôlée par le gouvernement.
ECONOMIE
Généralités
Dans ce pays où s'est constitué très tôt un pouvoir central fort, l'État joue toujours un rôle très important dans l'économie. Le « socialisme arabe » de Gamal Abdel Nasser s'inscrivait ainsi dans une longue tradition. Nasser a nationalisé tous les secteurs de l'économie et a mené une politique de grands travaux, symbolisée par la construction du barrage d'Assouan en 1960. Le président Sadate, héritant d'un pays laissé exsangue par la guerre des Six-Jours, a amorcé la libéralisation de l'économie (infitah) qui est toujours en cours. Le pays est en outre confronté à une dette publique chronique. Ces difficultés ne sont pas sans susciter les réticences des bailleurs de fonds, alors que le pays dépend fortement de l'aide extérieure. L'Égypte constitue une puissance économique au Proche-Orient. Pourtant, la croissance du PIB demeure inférieure à l'accroissement de la population. L'économie égyptienne repose aujourd'hui sur le pétrole et les services. L'économie de l'Égypte est la 2ème d'Afrique et son influence est importante dans le Proche-Orient. Longtemps planifiée par l'État, elle est aujourd'hui en voie de privatisation et de libéralisation. L'agriculture est le principal secteur d'activité économique de l'Égypte. Le pétrole et le gaz naturel sont des sources de revenus importantes, de même que le tourisme, grâce à d'exceptionnels sites historiques (notamment les pyramides).
Agriculture
L'agriculture occupe environ 30% de la population active mais ne réalise qu'une faible part du PIB. Les caractéristiques de la propriété foncière ont été profondément modifiées par les réformes agraires de l'époque nassérienne. Les terres, dont les deux tiers étaient alors concentrés dans les mains de 6% de propriétaires, ont été réquisitionnées par le gouvernement et redistribuées aux fellahin (les paysans), mais il subsiste encore un fossé économique entre les fermiers des classes moyennes et les fellahin. Les pouvoirs publics cherchent constamment à augmenter la surface agricole malgré la concentration des terres arables dans l'étroite vallée du Nil. 18000 hectares sont ainsi gagnés chaque année sur le désert mais l'urbanisation en absorbe 13000. Le barrage d'Assouan a cependant eu des effets pervers sur l'environnement agricole : les terres de Basse-Égypte ne sont plus fertilisées par les crues du Nil. Les sols souffrent également d'une remontée des eaux salées et la bilharziose se diffuse de manière inquiétante. Le rendement des terres cultivées d'Égypte se situe désormais parmi les plus élevés au monde. La totalité des terres cultivés sont des terres irriguées. Le blé, le maïs et le coton occupent 70% des surfaces cultivées. Le coton est exporté. L'agriculture égyptienne produit également des agrumes, des pommes de terre et des oignons. Cette relative diversité des productions de base et la très forte productivité de l'agriculture ne suffisent toutefois pas à assurer l'autosuffisance alimentaire. La balance agricole est structurellement déficitaire. L'élevage est très peu développé. Le produit de la pêche augmente régulièrement grâce à l'exploitation des eaux très poissonneuses.
Mines et industries
La production annuelle de pétrole brut et de gaz est la principale ressource du sous-sol égyptien. Après la découverte et la mise en exploitation des vastes gisements pétrolifères situés dans la région d'El-Alamein et dans le golfe de Suez, la production annuelle s'est accrue considérablement. Depuis 1991, le minerai d'uranium est extrait des gisements proches d'Assouan. Au XIXème siècle, les premières tentatives d'industrialisation ont été étouffées par les puissances européennes, l'Égypte constituant un important débouché pour leurs produits manufacturés. Après la Première Guerre mondiale, de nouveaux efforts ont abouti au développement d'une petite activité industrielle capable de satisfaire une partie de la demande intérieure. Durant la Seconde Guerre mondiale, l'industrie a connu une forte expansion, notamment dans le domaine des textiles. Après le renversement de la monarchie, en 1952, le nouveau régime a donné la priorité absolue à l'industrialisation. L'industrie égyptienne s'est considérablement diversifiée depuis le début de la libéralisation économique. Le textile, autrefois premier secteur industriel, a été supplanté par l'agroalimentaire et par l'industrie chimique liée à l'exploitation des hydrocarbures et à la production d'engrais pour l'agriculture. Le développement industriel ne s'est pas accompagné d'un désengagement de l'État qui contrôle toujours 70% de l'industrie.
Tertiaire et commerce extérieur
La monnaie est la livre égyptienne, divisible en 100 piastres. La Banque centrale d'Égypte, créée en 1961, reste un organe de contrôle de l'économie très puissant malgré la présence de nombreuses banques à capitaux privés. Les principales sources de devises étrangères sont le coton, le pétrole, les redevances du trafic sur le canal de Suez, le tourisme, les transferts de revenus par les nationaux travaillant à l'étranger et l'aide internationale. Chaque source tend à fluctuer en fonction de la conjoncture internationale. La signature de la paix avec Israël, en 1979, a permis la réouverture du canal de Suez, la récupération de territoires pétrolifères et le développement touristique. L'aide financière occidentale s'est accrue également. Les ressources du pays s'en sont trouvées notablement augmentées. De la même manière, l'engagement de l'Égypte dans la coalition anti-irakienne durant la guerre du Golfe a été en quelque sorte récompensé par l'effacement d'une partie substantielle de la dette égyptienne. Le tourisme a en revanche été fortement affecté par la recrudescence des attentats islamistes depuis le début des années 1990. La balance commerciale est structurellement déficitaire. Les principaux partenaires commerciaux sont les pays de l'Union européenne (environ 40% des importations).
HISTOIRE
L'Égypte ancienne est la période historique de l'Antiquité durant laquelle s'est développée la civilisation antique de l'Égypte. L'histoire du pays est ensuite marquée par la domination des Arabes musulmans. En 1869, la canal de Suez est ouvert. Il permet de relier la mer Méditerranée à la mer Rouge et constitue une route commerciale stratégique entre l'Occident et le Proche-Orient. Au début du XXème siècle, l'Égypte est placée sous l'autorité de la Grande-Bretagne et devient un protectorat britannique. La république d'Égypte est proclamée en 1953. S'ensuivent plusieurs conflits avec Israël. Au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, l'Égypte doit faire face à une aggravation de ses difficultés économiques liées à la baisse de ses recettes touristiques. Confronté à une crise économique et monétaire, le pays dépend plus que jamais de l'aide extérieure, en particulier américaine. La situation économique et sociale se détériore encore davantage en 2003 avec la guerre menée en Irak par la coalition américano-britannique : à l'instar de nombreux gouvernements des pays arabes, le gouvernement égyptien est exposé à la colère de la population, qui est durement réprimée, contre un pouvoir qu'elle juge faible et impuissant devant les États-Unis. La vie politique est marquée par des ouvertures réformistes, en partie sous l'effet conjugué de l'intensification des pressions américaines en matière de démocratie et de l'apparition d'un mouvement de contestation populaire (Kefaya - « Assez ! »). Cette volonté de changement au sein du pouvoir et du parti présidentiel se traduit notamment par l'influence grandissante du fils du président égyptien, Gamal Moubarak, lequel incarne le courant libéral du PND, favorable aux réformes structurelles (privatisations, libéralisation) que les bailleurs de fonds appellent de leurs voeux, mais que le gouvernement tarde à mettre en place en raison de leurs conséquences négatives sur la population.
CAPITALE et villes principales
Le Caire se trouve dans le Nord-Est de l'Égypte sur la rive droite du Nil. C'est une ville immense qui forme un véritable labyrinthe. Elle rassemble à elle seule le quart de la population de l'Égypte. Elle attire aussi beaucoup de touristes car tout près se trouvent les célèbres pyramides de Gizeh. La ville du Caire (Al Qâhirah en arabe) est fondée en 969. Elle est bâtie à partir de plusieurs villes préexistantes dont la plus ancienne avait été fondée en 641. Elle connaît son apogée au XIVème siècle grâce au développement du commerce en Méditerranée. Difficile de se rendre compte du gigantisme de la capitale de l'Égypte et du labyrinthe qu'elle constitue avec ses routes nationales à plusieurs voies et ses hauts buildings modernes qui se dressent au-dessus des avenues de la ville. Cependant, on rencontre encore fréquemment des chariots tirés par des ânes et on voit des bâtiments en briques de boue séchée le long de rues isolées. La mosquée Méhémet Ali est la plus grande des 4 mosquées situées dans l'enceinte de la citadelle du Caire. Elle doit son nom au pacha qui a régné sur le pays entre 1805 et 1849. Les cimetières, véritables nécropoles situées à l'Est et au Sud du Caire, étonnent par la beauté de leurs mausolées, habités par morts et vivants ! La Cité des morts, ensemble de cimetières intégrés à la ville du Caire, abrite en effet des milliers de familles sans logement, résultat de l'explosion démographique que connaît la capitale égyptienne depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
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