SOCIETE ET POPULATION
Démographie
La population d’Haïti était estimée à 8,92 millions d’habitants en 2008, soit une densité de population forte (plus de 324 habitants au km²), compte tenu de la pauvreté du pays. Elle explique, en partie, l’émigration massive vers les pays voisins. Environ 61% de la population vit en zone rurale. Malgré un taux de fécondité élevé (avec 4,76 enfants par femme), Haïti connaît le plus fort taux de mortalité infantile des Antilles, 62/1000, et une faible espérance de vie (57,6 années). Haïti est le pays le plus touché par le sida après l’Afrique subsaharienne.
Découpage administratif
Haïti est divisée en neuf départements, dirigés par un préfet nommé par le gouvernement. La capitale, Port-au-Prince, est de loin la ville la plus importante du pays, avec 1 100 000 habitants. Les autres agglomérations, bien plus petites, sont Cap-Haïtien au nord, Les Cayes au sud et Les Gonâves à l’ouest.
Institutions et vie politique
La Constitution qui régit la vie politique haïtienne date de l’époque post-duvaliériste. Après la chute du dictateur Jean-Claude Duvalier en 1986, une nouvelle Constitution est approuvée par référendum en mars 1987. Le président de la République est élu au suffrage universel pour un mandat de cinq ans. Il choisit son Premier ministre au sein du parti qui détient la majorité au Parlement. Le Parlement, bicaméral, comprend une Chambre des députés de 77 membres et un Sénat de 27 membres, tous deux élus au suffrage universel. Les années qui suivent la chute de la dictature sont toutefois marquées par de nombreux coups d’État, d’où émergent les présidences de René Préval (1996-2001) et Jean-Bertrand Aristide (2001-2004), affectée par des dérives qui conduisent le pays au chaos. Après le déploiement de la mission pour la stabilisation en Haïti de l’ONU (Minustah), l’élection présidentielle organisée en février 2006 voit la victoire de René Préval.
Langues et religions
La Constitution de 1987 reconnaît le français et le créole haïtien comme les deux langues officielles du pays. Les catholiques représentent environ 85% de la population, les protestants, en progression constante, 10% de la population. Le culte vaudou est très répandu.
Education
L’enseignement est théoriquement obligatoire pour les enfants âgés de 6 à 12 ans. Cependant, les infrastructures font cruellement défaut et le taux d’alphabétisation est faible : 54,8%. Seul 1,2% de la population s’engage dans des études supérieures. L’université d’Haïti, fondée en 1920, est située à Port-au-Prince.
Culture et arts
La culture haïtienne est riche des traditions africaine, française et créole. La langue créole, les traditions et la religion locales sont de plus en plus valorisées, avec, par exemple, l’émergence d’un théâtre, de spectacles musicaux et de danses typiquement créoles. Les sculptures de bois et les ouvrages de ferronnerie, mais surtout la peinture, qui s’est beaucoup développée après 1945, intéressent de plus en plus les collectionneurs. Naïve, populaire et colorée, la peinture haïtienne exalte la nature et le culte vaudou, et laisse une large place à l’imagination. La littérature haïtienne, en langue française ou en créole, est également très riche et foisonnante, sans doute la plus abondante des Caraïbes. Née au xixe siècle, avec l’indépendance du pays, elle est d’abord nationaliste. À la fin des années 1920 et au début des années 1930, l’occupation américaine entraîne un retour aux sources africaines du peuple haïtien. Ce mouvement trouve ses principaux porte-parole en deux revues littéraires, la Revue indigène et les Griots; il est également représenté par les essais de politique et d’anthropologie de Jean Price-Mars ((1876-1969) — auteur notamment de la Vocation de l’élite, (1919), Ainsi parla l’Oncle (1928), Une étape de l’évolution haïtienne (1929) — et par le roman de Stéphen Alexis (1889-1962), le Nègre masqué (1933). Dès lors, la littérature haïtienne, empreinte de négritude et fortement influencée par le communisme, s’oppose au nationalisme bourgeois, se teinte de réalisme socialiste et s’attache à décrire la vie difficile des paysans haïtiens ; elle est également fortement marquée par le surréalisme. Parmi les principaux écrivains de cette période figurent Magloire-Saint-Aude (1912-1971), avec Dialogue de mes lampes et Tabou, en 1941, et Jacques Roumain (1907-1944), l’un des fondateurs du Parti communiste haïtien et de la Revue indigène, qui publie notamment, en 1944, Gouverneurs de la rosée, devenu un classique de la littérature.
ECONOMIE
Généralités
Haïti est l’un des pays les plus pauvres du monde. Il connaît le plus fort taux de mortalité infantile des Antilles et la plus basse espérance de vie. Ses ressources naturelles sont rares. L’agriculture ne fournit pas des revenus suffisants, et la situation alimentaire du pays inquiète les organisations humanitaires.
Agriculture
Touchée à la fois par la sécheresse et les tempêtes, l’agriculture haïtienne (51% des actifs) est confrontée à la surpopulation des campagnes qui a entraîné l’épuisement des terres, une importante déforestation à la recherche de terres arables et, conséquemment, une érosion considérable. La plupart des fermes sont de petites exploitations familiales où est pratiquée la culture vivrière (maïs, manioc, patates douces, haricots, riz, plantain) ; quelques exploitations plus importantes fournissent les rares produits exportables : sucre de canne, café, sisal, cacao, noix de coco, tabac et coton. La pêche reste traditionnelle. L’artisanat sur bois (masques, sculptures) est essentiellement destiné à l’exportation.
Mines et industries
L’industrie est en grande partie consacrée à la transformation des produits agricoles : café, sucre et sisal. L’industrie manufacturière produit essentiellement du textile, des matières plastiques et du ciment. Quelques usines d’assemblage (matériel électronique notamment) travaillent pour l’exportation. Les centrales hydroélectriques, notamment sur le fleuve Artibonite, fournissent 70% de l’énergie nécessaire au pays.
Tertiaire et commerce extérieur
Haïti importe beaucoup (machines et produits manufacturés de base, produits pétroliers, produits chimiques et dérivés) et exporte assez peu (café, sucre, produits artisanaux, matériel électrique, conserves alimentaires), aussi son déficit commercial est-il considérable. Le réseau routier, amélioré dans les années 1970, n’est pas toujours carrossable pendant la saison des pluies. Seulement 5% des routes sont en bon état au milieu des années 2000. L’aéroport international est situé à Port-au-Prince, l’intérieur du pays étant également desservi par les lignes nationales haïtiennes. La monnaie nationale est la gourde, qui se divise en 100 centimes.
HISTOIRE
La menace du rétablissement de l’esclavage par Napoléon Bonaparte conduit, dès 1803, le général Jean-Jacques Dessalines (ancien lieutenant des troupes de Toussaint Louverture et ancien esclave lui aussi) ainsi que d’autres officiers (Henri Christophe, Alexandre Sabès Pétion) à reprendre les armes contre la France. L’armée insurgée vainc les troupes françaises dans la partie occidentale de l’île et en prend possession, expulsant les derniers colons. L’indépendance d’Haïti est proclamée le 1er janvier 1804 par Jean-Jacques Dessalines — tandis que les Français parviennent à se maintenir dans la partie orientale de l’île (future Saint-Domingue). Jean-Jacques Dessalines prend alors le titre d’empereur en 1804, sous le nom de Jacques Ier. Après l’assassinat de Dessalines par ses anciens partisans Henri Christophe et Alexandre Sabès Pétion, en 1806, Haïti se trouve scindé en deux : au nord, un royaume dirigé par Henri Christophe sous le nom de Henri Ier et, au sud, une république gouvernée par Alexandre Sabès Pétion, autoproclamé président à vie. En 1811, une guerre éclate entre les partisans des deux camps — Henri Christophe revendiquant la souveraineté sur la totalité du pays —, qui dure jusqu’à la mort de Pétion en 1818. Le successeur de Pétion, Jean-Pierre Boyer, parvient, à la mort d’Henri Christophe en 1820, à réunifier le nord et le sud. En 1822, il annexe également la partie orientale de l’île (qui porte à ce moment le nom d’Haïti espagnole), se rendant ainsi maître de la totalité du territoire d’Hispaniola. Cependant, en 1843, son gouvernement tombe et Boyer est contraint de s’exiler en France ; la partie orientale se soulève et se sépare définitivement d’Haïti, devenant la République dominicaine....
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